DOSSIER ENSEIGNEMENT II - dupé, le journal d'UP7, novembre-décembre 1978


EXERCICES DE LA TROISIÈME ANNÉE DE L’ATELIER CIRIANI À UP7
(extraits de la revue « dupé » no 5 de novembre-décembre 1978)



EXERCICE A : l’hypothèse (5e semestre)

La méthode pédagogique que j’ai pratiquée était divisée en paliers, que l’étudiant abordait successivement. Les semestres 1 à 4, tronc commun à l’U.P., comportaient l’apprentissage des méthodes constructives. Mon intervention débutait au 5ème semestre.
En démystifiant la création pour n’en retenir que sa nécessaire banalité, il est possible d’aborder, à travers des exercices précis, l’enseignement de la « projetation ».

Exercice A : l’hypothèse
(5e semestre)

Manipulation des matières architectoniques dans l’espace intérieur d’un volume simple (une habitation de référence) en prenant comme support deux conditions différentes, l’une basée sur les invariants de l’espace programmé, l’organigramme des activités ; l’autre sous forme de discours, l’hypothèse de travail personnelle. Cette dernière étant émise au préalable par chaque étudiant, la première puisant dans les analyses collectives de l’ensemble du groupe. Des critères spécifiques à chaque espace d’activité, et articulant les activités entre elles (la vision, les sens, la direction, la volumétrie, la lumière, la dimension, la tension, la domination, l’inclusion, etc…, sans exclusive) sont codifiés et intégrés à l’organigramme de manière méthodique, mais non projectuelle (rationalisme linéaire). C’est à partir de la découverte des situations spatiales contradictoires que l’essence du projet doit émerger. Pour s’assurer du résultat, on restreint le champ d’application en imposant un projet d’un seul niveau au plan carré1 et on le « libère » en éliminant toute contrainte de terrain. Cet exercice est très fortement marqué par la manipulation géométrique, développée avec précision : des points, des lignes, des angles, des diagonales, etc… Les fonctions se voient ainsi articulées par des donnés dimensionnelles, proportionnelles, orientées par l’hypothèse de départ. L’importance de l’idée comme source de tout espace architectural est mise en valeur en refusant toute manipulation mécanique ou automatique. La cohérence du processus prime sur une éventuelle « qualité » du résultat.



1 Toutefois, le plan carré pourra subir  des modifications si le processus géométrique les justifie. Les familles formelles du cercle et du triangle sont exclues volontairement parce que plus complexes et difficiles à maîtriser.
 

POSITION RELATIVES ET PARTICULIÈRES DE DEUX CARRÉS :



 DÉFINITIONS DE BASE :



1a        régulier: famille des 90o
1b        irrégulier : famille des 60o
2a        directionnel
2b        orienté
2c        exemples: directionnel orienté
2d        exemples: directionnel
3a        centripète: mise en valeur des angles
3b        centrifuge: mise en valeur des côtés
4          action sur le centre: décentrage vers la lumière, concavité attirant le centre, convexité repoussant le centre, centripète directionnel (le centre ne bouge pas)
5a        vue totale, vue partielle
5b        espace regardant vers un autre espace
6          espace irrégulier centré
7          espace ouvert, espace fermé
8          situations d’inclusion
9          virtualité


CODIFICATION DES FONCTIONS

2 exemples de la première étape dans l'élaboration du plan d'après cette codification :




PROJETS D'ÉTUDIANTS DE 3ÈME ANNÉE 1ER SEMESTRE 1977-1978 
UP7 GRAND PALAIS

HYPOTHÈSE "PLUS" de Michel BOURDEAU


HYPOTHÈSE "LE RÊVE PERCÉ" de Dominique LARROUY




 HYPOTHÈSE "LA COMPLICITÉ" de Laurent BLUWOL


HYPOTHÈSE "A_INTÉRIEUR" de Hilda SEBBAG


HYPOTHÈSE "LA DÉFONCE" de Fabrice LEFEBVRE DU PREY
  

 HYPOTHÈSE "LE SECRET" de Alain DERVIEUX



Les autres étudiants de ce semestre en 1977-78 étaient : Badoche, Chalain, Chirat,  Faury, Hellin,  Louvet, Massin, Rousseau, Thomas et Wagon Tastet



EXERCICE B : l’image (6e semestre)

Manipulation formelle à partir d’un programme (choisi parmi des petits équipements 1 présentant un nombre limité de contraintes fonctionnelles) permettant une lecture claire de l’ensemble (image unitaire). Hypothèse de base : l’étudiant choisit une image pour ses valeurs visualisables de forme et de figure, le choix étant libre, hors du champ architectural, même connoté. On procède ensuite à l’analyse de cette image par la décomposition en parties, par la réduction des signes, par une structuration géométrique complexe ou simplifiée, par une analyse formelle précise, ou par analogie. L’étudiant se familiarise donc avec le vocabulaire formel. Un organigramme ayant été rapidement établi, des essais 2 permettront de faire correspondre l’image à une des représentations du projet : le plan ou le plan de référence, une coupe, une façade, la toiture, l’espace intérieur, une axonométrie, la perspective. Cet exercice, à la suite du premier, permet à l’étudiant de se situer par rapport à la mystification (ou la non moins nocive désaffection) dont est entourée la problématique créative. Il est donc confronté –il se voit faire– à sa propre manipulation à partir d’un facteur choisi au hasard, pour aboutir à un résultat chargé de son « savoir ». Les notions de grande créativité ou de talent particulier sont négligées au bénéfice de l’acquisition d’un patrimoine par le groupe tout entier. Aucune forme n’est exclue.
Ces exercices s’accompagnent de signes extérieurs qui font partie de la dynamique pédagogique. Tout le processus projectuel est matérialisé (collage, dessin, etc…) sur un album où sont notés les interventions de l’enseignant. Un grand intérêt est porté à l’apprentissage du dessin sous toutes ses formes.

Il est à noter que pour l’exercice A seule l’hypothèse est connue alors que le résultat reste encore indéterminé. Par contre, dans l’exercice B le résultat est donné et il s’agit tout au long de l’exercice d’obtenir l’image.

Les semestres 7 et 8 revêtent un caractère traditionnel. L’étudiant ayant été libéré et outillé, aborde d’autres thèmes à partir de programmes à site défini au départ ou laissé au choix de l’étudiant, l’encadrement étant moins « coercitif ».

Les semestres 9 et 10 abordent la problématique urbaine.

1 L’équipement sur lequel l’exercice s’appuie est un centre de santé de 600m2.
2 Le schéma linéaire d’une dynamique de l’erreur comme pratique pédagogique.



PROJETS D'ÉTUDIANTS DE 3ÈME ANNÉE 2E SEMESTRE 1976-1977 
UP7 GRAND PALAIS

IMAGE "FANTÔME" de Aline LEROY


IMAGE "M. DUCHAMP "La Mariée mise à nu par ses célibataires, même"  de Jacques RIPAULT



IMAGE "NEW MAN" de Luc LANGE


IMAGE "MARILYN" de Jean-Louis GARNIER
 

IMAGE "LUCKY STRIKE" de Norbert LAURENT



Les autres étudiants de ce semestre en 1976-77 étaient : Ameller, Bolze, Bozelec, Chavance, Chavanne, Darrasse, Dumanoir, Du Moulin, Edeikins, El Khoury, Guyot, Holtgen, Lieutaud, Lucas, Mourier, Noviant, Pélissier, Porcher et Tisserand

Nous remercions Michel Bourdeau, Hilda Sebbag, Norbert Laurent, Fabrice Lefebvre du Prey, Jacques Ripault,  Aline Leroy, Luc Lange, Dominique Larrouy, Alain Dervieux, Jean-Louis Garnier et Laurent Bluwol pour leur assistance dans la publication de ces travaux.





CONTRIBUTIONS AU BLOG PAR DES ANCIENS ÉTUDIANTS D’UP7


A la faveur de cette publication des exercices de 3ème année à UP7 tirée du journal dupé, certains ont souhaité contribuer au blog en fournissant leurs propres images.
Nous les remercions et par là même incitons d’autres à en faire autant. Dans ce cas, veuillez laisser un commentaire (en bas) en joignant votre adresse mel pour qu’on puisse vous joindre.



IMAGE "FLACON BRISE ET PELLE" de Hilda SEBBAG



IMAGE "GUITARE" de Fabrice LEFEBVRE DU PREY

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