LE GRAND PRIX EST ATTRIBUÉ A HENRI E. CIRIANI

Par Michèle Champenois

Publié le 21 décembre 1983 dans LE MONDE

Le nom d'Henri E. Ciriani a été proposé pour le Grand Prix d'architecture 1983. M. Paul Quilès, ministre de l'urbanisme et du logement, devait remettre au même architecte, ce mardi 20 décembre dans la soirée, le prix créé par le Moniteur des travaux publics et du bâtiment, l'Equerre d'argent, pour une crèche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Le jury, présidé par le directeur de l'architecture, s'était d'abord partagé par moitié sur les noms de Christian de Portzamparc, l'un des six lauréats du concours pour l'Opéra de la Bastille, et de Roland Schweitzer, avant de se retrouver à l'unanimité sur celui de Ciriani.

Un corbuséen décidé.

Né le 30 décembre 1936 à Lima (Pérou), dans une famille d'origine italienne, Henri E. Ciriani a d'abord beaucoup construit dans son pays (son professeur d'architecture était devenu président de la République). Alors qu'il avait gagné deux concours importants, il vint en France pour un an, en 1964, puis décida de s'y installer. Il travaille avec André Gomis, puis, de 1967 à 1981, au sein de l'A.U.A., à Bagnolet, notamment avec Borja Huidobro.

Il est français depuis 1976, année où il construit un ensemble de logements à Noisy-le-Grand, dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée (le Monde du 6 avril 1978). On remarque ensuite la "Cour d'angle", cent trente logements sociaux à Saint-Denis, morceau d'architecture urbaine, très fortement structurée, barre appuyée sur de puissants contreforts (le Monde du 29 avril 1982).

L'expérience professionnelle de Ciriani, son admiration pour Le Corbusier ("je continue là où il s'est arrêté", dit-il), son entêtement à ne pas se trahir ("Un architecte fait toujours le même bâtiment"), la force et la détermination de son architecture ont fait de lui un modèle pour beaucoup de jeunes architectes et, notamment, ses élèves à U.P.7.

En dépit de sa participation à plusieurs concours, l'année 1983 a été "mauvaise" pour lui: la municipalité de droite élue en mars 1983 à Chambéry a décidé d'arrêter un chantier de logements dans les anciennes casernes Curial dont les marchés étaient passés et les travaux commencés. Alors que le ministère avait patronné le projet, la direction de l'architecture n'a pas fait le nécessaire pour "sauver" ce qui promettait d'être une œuvre de grande qualité, en progrès sur les précédentes. Le Grand Prix ne consolera personne.