Il y a la nature.
Et la nature
artificielle: architecture.
L'une précède
l'autre;
Des rapports
s'établissent entre l'une et l'autre.
De cette
confrontation naît la présence architecturale.
L'architecture
trouve sa spécificité dans la mise en évidence de ces éléments naturels
(géographie, sol, ciel, horizon, soleil, vent, ombre,...).
Elle hiérarchise ces
rapports et se particularise dans cette hiérarchisation (théories, doctrines et
tendances).
L'architecture rend
concret le cadre de vie de l'homme et cherche à le qualifier, le valoriser,
l'améliorer.
C'est ainsi que les
rapports nature/architecture sont rationalisés et deviennent savoir. Cette
rationalisation se fonde sur la production pratique, ce qui nous permet de dire
que l'architecture est --aussi-- la qualification, la mise en émotion de la
chose construite.
L'architecte se doit
d'intégrer la différence à sa morale.
J'entends par là
qu'il pratique une cohérence, une honnêteté vis à vis du travail architectural
qui n'est autre que le reflet de soi.
Cette structuration
de l'architecte doit être obligatoirement portée vers le bénéfice collectif,
support essentiel de la valorisation de l'individu.
C'est ainsi que la
différence devient contribution sociale.
Mais il y a aussi
une morale formelle, que j'appellerais le style, ou la manière: le mode "projectuel".
Elle appartient en
partie à l'idiosyncrasie de l'architecte --son monde psycho-sensible-- et aux
facteurs conjoncturels de la réalité, la mémoire ou les influences stylistiques
extérieures.
Cette manière de
faire, cette poétique personnelle, ce n'est pas une fin en soi, c'est une
nécessité incontournable.
Il est donc
impératif, au temps des "petits maîtres", de réduire le champ créatif
--c'est à dire formel-- en vue d'atteindre une véritable maîtrise de la
différence.
Henri Ciriani
1er août 1982
Texte accompagnant
les images de l'exposition "La modernité... un projet inachevé", au
Festival d'Automne en octobre 1982 à la Salle Melpomène de l'Ecole Nationale
Supérieure des Beaux-Arts